Politique: le dilemme du MNSD-Nassara,
- Maaroupi Sani
- 10 août 2016
- 3 min de lecture
Rester dans l’opposition sans conviction avec le risque d’une nouvelle cassure ou rejoindre le camp présidentiel (donnant raison au camp Albadé) sans gloire avec le risque de pas gagner grand chose. En politique comme à la guerre, ce sont les rapports des forces sur le terrain qui déterminent l’issue des négociations
Le vice-président du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD-Nassara) M. Ali Sabo a démenti le weekend dernier les informations faisant état d'un rapprochement entre son parti et le camp présidentiel. "A ma connaissance, il n’y a pas eu de débats sur cette question au sein de la Commission Politique, il n’y a pas eu de débats au sein du Bureau Politique, il n’y a pas eu de débats au sein du Conseil National, encore moins au Congres” a-t-il expliqué à une télévision privée. Soit. Dans cette affaire ou on est le sentiment que c’est le MNSD qui fait “sa propre musique et sa propre danse”, il aurait fallu tout simplement dès le départ se poser la question de savoir à qui profiterait un ralliement de ce parti à la mouvance présidentielle?

"Chaud dedans, chaud dehors"
S'il y a 3 ans le président Issoufou Mahamadou avait besoin du MNSD-Nassara pour éviter une cohabitation après le départ de M. Hama Amadou et de son parti le FA-Lumana de la majorité présidentielle, ce n'est pas le cas aujourd'hui: le président Issoufou dispose d'une majorité confortable au Parlement. Un rapprochement avec le parti de Seini Oumarou compliquerait davantage ses affaires. Avec 41 membres, le gouvernement du premier ministre Brigi Rafini a atteint son plafond et les principaux postes de l’administration comme ceuxs gouverneurs des régions ont déjà été partagés.
Entre temps, après sa déroute électorale, le MNSD-Nassara dont on disait dès le départ à bout de souffle financièrement joue aujourd'hui sa survie et doit faire face à un véritable dilemme: mener une opposition sans conviction ou se rallier sans gloire au camp présidentiel. L’autre problème auquel ce parti doit faire face et celui du rajeunissement de sa direction. On a en effet comme l’impression qu’en se retirant de la scène politique l'ancien Président M. Tanja Mamadou avait entraîné avec lui les racines du “grand baobab".
Risque d'une nouvelle cassure?
La scission du parti intervenue il y a presque en a fait le reste. Du coup le MNDS-Nassara se retrouve aujourd’hui sans relève pour mener un combat qui demande beaucoup d'endurance. Du reste, la plus part de nos formations politique à l'image de l’ancien parti état ne sont pas baties pour résister à toutes les tempêtes et pour mener une longue vie dans l'opposition. C'est connu de tous, au Niger, personne ne veut vivre dans l’opposition. Seul le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNSD-Tarraya) avait réussi cet exploit. Mais là aussi, c’était avant que les camarades socialistes ne s'embourgeoisent et ne s'habituent aux aux délices du pouvoir.
Au total, quel qu’en soit l'origine des rumeurs distillent ces derniers temps à propos du rapprochement du MNSD-Nassara d’avec le camp présidentiel, elles traduisent quelque part le dilemme auquel l'ancien parti au pouvoir devrait faire face dans les prochains mois, voire prochaines semaines. Poursuivre son chemin dans l'opposition malgré lui avec le risque de défections voire même une nouvelle scission (le vice président Ali Sabo a lui même reconnu que certains de ses camarades sont tentés par le camp présidentiel), ou rejoindre sans gloire le président Issoufou tout en sachant qu'il n'y a pratiquement plus rien à négocier et à partager. Le Mouvementent National pour la Société de Développement se fait de la résistance est-on tenté de dire. Mais jusqu’à quand ?
Maaroupi Elhadji Sani
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