OFFENSIVE SURPRISE DE L’ARMÉE NIGÉRIENNE SUR BOKO HARAM
- Maaroupi Sani
- 12 mars 2016
- 2 min de lecture
Le 25 février dernier en toute discrétion, le Niger a envoyé ses troupes de l’autre coté de la frontière pour frapper Boko Haram à Arege au Nigeria.
Alors qu’à Niamey, la Commission électorale comptabilise péniblement les résultats du premier tour des élections, l’armée traverse discrètement la frontière au Sud-Est du Niger. Au petit matin, deux compagnies quittent la ville de Bosso et s’enfoncent dans la jungle du Nigeria non loin du lac Tchad. C’est dans cette région que l’armée nigérienne a essuyé les plus grosses pertes début 2015 lorsque Boko Haram solidement implanté dans le Nord du Nigeria espérait s’implanter au Niger. Les tueurs de la secte lançaient plusieurs offensives espérant enrôler les populations locales de la même ethnie majoritairement des peuls et des Beri-Beri. Des villages longeant le fleuve Komadugu Yobe de part et d’autre de la frontière subissent des razzias.

En avril 2015, notre reporter Patrick Forestier avait suivi l’armée nigérienne jusque Gashagar au Nigeria. Alors, le Niger était pris sous le feu de la secte islamiste. Le pont Diffa seul ouvrage enjambant la rivière venait d’être pris d’assaut par les combattants de Boko Haram se ruant par centaines aux cris de « Allah Akbar » et « Mort aux mécréants ». En novembre 2015, dans le Sud du Niger à Diffa, ville principale de la région éponyme, des tirs résonnaient encore dans les rues. Aujourd’hui, la situation est plus calme. «Boko Harma n’est plus en capacité de mener des offensives conventionnelles comme c’était le cas il y a quelques mois, nous confiait récemment le gouverneur de Diffa, Abbou Kaza, général de division nommé après son retour du Mali où il était commandant en second de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). «Les assaillants vivent aujourd’hui de manière nomade menant des attaques nocturnes le long du fleuve ou des attentats suicide, c’est un signe de faiblesse.» Nous venions alors de recueillir les témoignages de rescapés des attaques de Boko Haram. Dans la région de Diffa, les violences de Boko Haram ont amené plus de 300.000 réfugiés, dont de nombreux souffrent de la faim.
LES AUTORITÉS DE NIAMEY ONT MONTRÉ LEUR CAPACITÉ D'AGIR SEUL
Le 25 février 2016, les soldats nigériens partant de la ville de Bosso sur le lac Tchad gagnent le Nigeria et parcourent plus de 20 kilomètres vers le Sud. Un accord bilatéral les autorise toujours à traverser la frontière pour combattre les violences. Un avion de reconnaissance de type Cessna 208 vient d’identifier plusieurs véhicules pick-up dérobés par des militants de Boko Haram au Niger. Les militaires rejoignent le secteur d’Arege dans la province de Borno, où se déroulent les affrontements. Appuyés par deux hélicoptères Mi-35, ils abattent moins d’une dizaine de terroristes. Le bilan n’est pas spectaculaire, mais l’opération montre que les autorités de Niamey sont désormais capables d’agir seul. Cette mission serait le prélude à une opération d’envergure préparée depuis longtemps avec le Nigeria notamment dans la région de Borno. Mais ce projet d’intervention traine à cause notamment des nombreuses mines rendant certaines routes impraticables. Quelques jours plus tôt, le 14 février 2016, une vaste opération contre Boko Haram menée cette fois par le Cameroun faisait 162 morts et une centaine de prisonniers. Selon nos sources, cette mission aurait été menée de bout en bout par les forces camerounaises conjointement avec les forces nigérianes.
Parismatch.com
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