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Afrique du Sud: Madiba ou le pouvoir de la bonté

  • Photo du rédacteur: Maaroupi Sani
    Maaroupi Sani
  • 5 déc. 2014
  • 3 min de lecture

"Nelson Mandela est mort" : la phrase produit un curieux effet dans la bouche de celui qui la prononce aujourd'hui. Des mots presque impossibles à dire, tant fut unique l'histoire de celui qui connut dans sa vie le martyr et la canonisation. L'homme était un paradoxe : nous le chérissions pour son humanité, et cependant il avait déjà quitté depuis longtemps le monde des humains.

Il était une autorité morale qui se dressait au-dessus du paysage désolé que fut le XXe siècle, un symbole universel de sagesse et de bonté, incarnant l'aptitude au changement et le pouvoir de la réconciliation. En privé, ce n'était pas quelqu'un de particulièrement affectueux, mais la vision de son image provoquait une sensation très particulière : celle d'une accolade, d'une chaleureuse étreinte.

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Un patriarche décomplexé

Mandela symbolisait l'essentiel des vertus que nous associons à l'enfance : la confiance, la bonté, l'optimisme, la faculté de triompher des démons de la nuit en sachant que, demain, il fera jour. Mais c'était aussi une présence rassérénante, chaleureuse, protectrice, parce qu'il était parvenu à devenir un père idéal au-delà du cadre de sa famille biologique, au-delà même de sa famille sud-africaine. Il était le père que nous aurions tous voulu avoir si nous avions eu à en choisir un.

Devenu sage avec l'âge, il était bienveillant dans sa force, rassurant dans ses colères, sévère lorsqu'il s'agissait de nous contenir, merveilleusement courageux aussi, éloquent quand nous avions besoin d'être félicités – et puis, bien sûr, il possédait deux qualités qu'ont les enfants et qui font les meilleurs pères : une espièglerie rafraîchissante et une aptitude sans bornes au pardon.

Mandela est souvent comparé à Gandhi. Mais, contrairement au saint libérateur de l'Inde, Mandela était un patriarche décomplexé (même s'il faisait montre d'une délicieuse tendance à l'autodénigrement). Un dirigeant qui déclare que ses sujets sont ses enfants passerait aisément pour un tyran, mais c'est la façon dont il s'est réapproprié ces clichés qui fit de Mandela un leader à ce point singulier de l'ère moderne. Cette "paternité" était incarnée de telle manière qu'elle semblait fraîche et émancipatrice, tout en étant rassurante, en ceci qu'elle rappelait une conception plus traditionnelle du rôle de leader.

Les jeunes années et la vie politique

Sur le plan personnel, Mandela fut un mauvais père – en partie, mais en partie seulement, du fait de ses vingt-sept années passées en prison. Sa fille Maki lui a lancé un jour, alors qu'il refusait de la prendre dans ses bras : "Tu es un père pour tout notre peuple, mais tu n'as jamais été un père pour moi." Comme tant d'autres grands leaders, il a fui les déboires du cercle familial en se réfugiant dans l'arène politique et dans la lutte – dans la famille humaine au sens large. C'est ainsi qu'il a développé une personnalité qui conjuguait "une extrême chaleur humaine à une impénétrable réserve", pour reprendre les termes d'Arthur Schlesinger au sujet de Franklin Roosevelt, cité par Anthony Sampson dans sa biographie de Nelson Mandela.

Pour la majeure partie de l'humanité, seule cette chaleur humaine était visible. "Ah, Elizabeth !" a-t-il lancé un jour à la reine d'Angleterre qui s'avançait à sa rencontre au palais de Buckingham, avant de lui donner l'accolade. "Vous êtes plus belle que jamais ! Mais comment faites-vous pour rester aussi jeune ?" Pendant que diplomates et courtisans avaient des vapeurs à la vue de ses faux pas à répétition, la reine a simplement rougi – avant de gloussoter : "Nelson !"

Peut-être Bill Clinton avait-il percé le secret de la force de l'icône sud-africaine lorsqu'il a accueilli son homologue à Washington en 1998. Après avoir défini l'expérience universelle de la souffrance et de la haine comme un "apartheid du cœur", l'ancien président américain a déclaré que les gens du monde entier vénéraient Mandela parce qu'ils cherchaient "la sagesse dans la force de son exemple, lequel nous commande de faire ce que nous pouvons, avec les moyens que nous possédons, là où nous le pouvons, afin de faire sortir l'apartheid de notre cœur et de celui des autres".


 
 
 

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