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L'or du Djado : Un don du ciel qui fait des heureux

  • Photo du rédacteur: Maaroupi Sani
    Maaroupi Sani
  • 29 août 2014
  • 7 min de lecture

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Le village du Djado était, il y a quelques années seulement, un groupement de zéribas (campements provisoires) saisonnières occupées surtout pendant la récolte des dattes. Aujourd'hui, ce sont des bâtiments construits en dur qui abritent les bureaux de la municipalité, le CSI, etc. Le poste militaire de Chirfa, perché comme une hirondelle sur un rocher, domine ce monde de rêve. Un décor surréaliste. Ici les oasis, les forts, vieux de plusieurs milliers d'années, témoignent de la puissance de jadis. Le paysage de Yaba, à l'horizon les falaises bleues du Mont Orida en forme de dôme (appelé ici la cathédrale) et plus loin la grande palmeraie. A quelques mètres de là, le Fort du Djado. Le vieux Ksar offre, de loin, la vision dantesque de ses murs calcinés qui se dressent au pied de l'oasis dont la commune rurale porte fièrement le nom. Chaque année qui passe modifie cette architecture unique en son genre au monde. Au nord des ruines de l'ancienne forteresse du Djado, on trouve d'importants sites de gravures de chars et d'éléphants. C'est que la zone du Djado et de Chirfa ont, des siècles durant, dominé le commerce des caravanes en direction de la Libye, de l'Aïr et du Sud nigérien.

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Séguédine, dont on découvre la palmeraie en passant par le Pic Zumri, est un village qui se singularise par ses constructions en briques de sel. Une oasis réputée surtout pour la qualité de ses dattes très estimées, mais aussi de son sel. Le Pic Oliki, situé à 2 kilomètres à l'est, le Col de Sara, la plaine du Djado, embellissent cet espace de rêve où toutes les pistes conduisent vers le nord et présentent à chaque kilomètre quelque chose qui peut susciter l'admiration et donner aux visiteurs le désir de découverte. Les Pitons de Graïns plus à l'ouest ouvrent la voie sur la découverte d'horizons diverses....Ces Forts, bâtis autour des oasis aussi bien au Djado qu'ailleurs dans le Kawar, appelés par certains explorateurs les villes fantômes du Sahara, c'est plus de 10.000 années d'histoire à toucher du doigt, et beaucoup d'interrogations à se poser. C'est dans cet univers pratiquement inconnu de bon nombre de Nigériens que se produisit, en avril dernier, le miracle de l'or. Un signe évident de la Miséricorde divine. Sinon, dans ces villes dites fantômes du Kawar, ni les fondateurs du Fort du Djado vieux de plus de 1000 ans, ni les colons qui ont parcouru tout cet espace désertique, encore moins les géologues, archéologues ou quelques chercheurs aventuriers, n'ont signalé l'existence de l'or du Djado.Ni les méharistes de l'ancienne époque, ni nos militaires, n'ont eu la chance de découvrir l'or dans ces vallées qu'ils ont eu à traverser et où ils ont eu à séjourner des années durant, bien avant même la création du Poste militaire de Dirkou.

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Le site a été découvert le 13 avril par M. Amadou Maman Barka, un Toubou âgé de 46 ans, originaire du village de Yaba. De retour du site aurifère de Miski au Tchad voisin dans le Tibesti, il part, avec l'accord des autorités locales, en compagnie d'un groupe de jeunes, tenter la chance avec un seul appareil de recherche. Pour multiplier leurs chances de réussite, ces jeunes se sont scindés en trois groupes dont le premier s'est déplacé vers Sara au sud du Djado, le second au nord de Yaba et Orida, et enfin le troisième dans la vallée de Dussalak. C'est ce dernier élément qui a découvert l'or dans la vallée de Dussalak, à 40 kilomètres du mont Orida, et 43 km du village de Yaba, soit à 70 kilomètres du chef-lieu de la commune rurale du Djado . Ces jeunes aventuriers informèrent les autorités avoir découvert de l'or le 17 avril dans ladite vallée de Dussalak. Celles-ci se sont rendues sur les lieux le 19 avril en compagnie du chef du village de Yaba. Cette fois-ci, il n'est plus question de refaire le trajet à dos de chameau, comme ils l'avaient fait au départ. Au nombre d'une trentaine cette fois-ci, quand l'information, comme une trainée de poudre, s'est répandue dans les zéribas, ils repartent à bord de 5 véhicules, juste avec des moyens de transport d'eau et de bois dans cette vallée austère où le Centre de Santé et les points d'eau les plus proches se trouvent respectivement à quatre-vingt-cinq, quatre-vingt, et quarante kilomètres du site aurifère. L'information, passée dans Le Sahel et Sahel Dimanche, relayée par internet, a fait que le reste des Nigériens et autres nationalités apprirent l'événement du Djado, une des oasis oubliée du Kawar devenue en quelques semaines l'Eldorado où convergèrent les desperados, mais aussi des richissimes hommes d'affaires, pour se faire une masse importante d'or et d'argent. L'or extrait est du type alluvionnaire, massif et de qualité supérieure, répondant positivement au kit de 22 carats, dont de grosses pépites de poids variables peuvent atteindre trois cent (300 ) grammes, selon le directeur régional des Mines et du Développement Industriel, M. Salissou Hassane. L'or extrait du site se présente sous forme de pépites denses de grandes dimensions et de bonnes qualités. La production journalière dépasse 10 kg d'or massif. La technique d'exploitation se fait généralement par fouilles superficielles eu égard à la nature tendre du terrain et à la faible profondeur du dépôt.

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Les premiers orpailleurs ramassaient l'or sans se donner la peine de creuser le sol ou de se munir d'appareil. Ceux-là devinrent des nouveaux riches, des multimillionnaires. Jusqu'à une date récente précédant l'événement, beaucoup d'entre eux circulaient de plateaux en vallées, et d'oasis en petits campements saisonniers, à dos de chameaux. Aujourd'hui, avec l'avènement de l'or, c'est assis à côté de rutilantes 4X4 qu'ils observent, de loin, leurs troupeaux de camelins dans les palmeraies. A partir du 25 avril, c'est finalement la grande ruée vers le site de Dussalak. En quittant Agadez, certains Nigériens tentés par l'aventure du Djado ont vendu maisons et voitures. Pour une simple opposition de la famille, des cas de divorce ont même été signalés. Avec de l'or que l'on ramasse serait-on tenté de dire ''à la pelle'', qui, parmi le commun de nos concitoyens, ne serait pas tenté par l'aventure vers ce nouvel Eldorado. Les activités d'orpaillage dans le Djado sont concentrées dans les permis libres de Djado 819, 824 et 826, dans un périmètre presque carré d'environ 54 km de large, sur 55 km de long, soit une superficie de 2.970 km2. Cependant les travaux avaient progressé au nord ouest du périmètre en direction du permis libre d'Emi Lulu 23. Après identification et signalisation par le détecteur de la présence des pépites dans les roches détritiques mélangées à des galets de quart, l'orpailleur procède à l'extraction en creusant des trous, parfois à main nue, ou avec des moyens très rudimentaires comme le couteau, la pelle ou une pierre solide. La profondeur de ces trous ne dépasse guère 60 cm. Au tout début, grâce au contrôle du poste militaire et aux recensements sommaires sur le terrain, le nombre d'orpailleurs a été estimé à 10.000 personnes de nationalités diverses, notamment des Nigériens, des Burkinabés, Tchadiens, Soudanais et des Nigériens qui vivaient en Libye. Une présence importante de véhicules tout terrain 4X4 estimés à 500, et l'arrivée de dizaines de véhicules chaque jour, sont observées sur le site, ainsi que l'utilisation massive des détecteurs des métaux à bobines exploratrices estimés à 1000 unités. En juin dernier, on estime à plus de 25.000 orpailleurs dotés de 4500 appareils de recherche, 2000 camions et 4X4 ultra rapides sur le site de Dussalak, à telle enseigne que le Président de la République, SE Issoufou Mahamadou a dépêché un détachement de 600 militaires sur le site pour assurer la sécurité des biens et des personnes à Dussalak qui, au fil des jours, est devenue un véritable casse-tête pour les autorités locales. Sur le site, l'argent circulent rarement. Toutes les transactions se passent sous forme de troc de l'or contre tout ce dont on a besoin: véhicules, appareils, bien de consommations etc. Un fût d'eau coûte environ 60.000 FCFA. Le déguerpissement des orpailleurs du site de Dussalak s'imposait Avec des dizaines de milliers de Nigériens et diverses autres nationalités vivant dans cet adroit qui, d'ici peu, allait devenir un Far West où tout pourrait se produire, et la désertion de bras valides de tous les villages et villes du département de Bilma constatée - parmi lesquels des fonctionnaires et des agents d'institutions qui seraient en congés, permissionnaires, ou ayant tout autre alibi- le déguerpissement des orpailleurs du site de Dussalak s'imposait. L'Etat central ne bénéficie d'aucune taxe, droit fixe ou impôt de cette importante et lucrative activité. Compte tenue de l'ampleur de plus en plus croissante de la ruée, et de l'importance des activités liées à l'orpaillage, il était impérieux pour le Ministère en charge des Mines de procéder à la déclaration du statut de la zone d'orpaillage, et à la régularisation de la situation réglementaire des orpailleurs. Les représentants de la Direction Régionale des Mines sur place doivent procéder à la récupération de toutes les taxes et droits fixes dus à l'Etat notamment: les droits fixes (article 136 nouveau du code minier ) relatifs aux autorisations de prospection et d'exploitation artisanale, aux cartes individuelles, à l'agrément et à la commercialisation; les redevances superficielles liées aux autorisations de prospection et d'exploitation artisanale; les taxes d'exploitation artisanales pour l'extraction artisanale et la commercialisation (état de liquidation). L'Etat doit créer en outre un cadre pour former les orpailleurs en matière de sécurité et d'hygiène, foncer des puits ou réhabiliter les forages réalisés par les compagnies de recherches pétrolières qui, par le passé, avaient tenté des prospections dans le Kawar. Vue la minéralisation et malgré la présence des grosses pépites d'or, l'exploitation de ce site ne peut se faire que de manière artisanale. Cependant, la présence des filons porteurs peut amener à envisager une exploitation semi- industrielle ou industrielle. La réorganisation des activités de l'orpaillage, si toutefois elle est retenue comme option, pourrait procurer à l'Etat beaucoup de bénéfices en termes de création d'emplois et de développement des activités annexes, génératrices de revenus et de lutte contre la pauvreté. L'attitude du Président saluée par les populations Des milliers de Nigériens et d'expatriés saluent l'attitude responsable du Président Issoufou qui, pendant 5 mois, a laissé les gens profiter de cette richesse. Depuis la découverte du site aurifère de Dussalak dans le Djado, à 400km au nord-ouest de Bilma, et à 1100 km d'Agadez, le Président de la République, SE Issoufou Mahamadou, a adopté une attitude responsable, saluée par de milliers de nigériens, mais aussi par tous ceux qui, des quatre coins du continent, sont venus profiter de cette richesse du Djado. Aujourd'hui, de nombreux ménages ont été épargnés du spectre de la faim et de la soif, sans avoir eu à verser une taxe quelconque, et sans avoir été soumis à de contrôles intempestifs pour pouvoir accéder aux sites aurifères. Ailleurs, les sites comme ceux du Djado sont sources de malheurs, mais aussi de désespoir pour les populations. A travers son engagement à laisser des Nigériens se débrouiller sur le sites aurifères, le Président de la République a prouvé aux Nigériens qu'avec la Renaissance, tous les espoirs sont permis pour le présent et aussi pour les prochaines années à venir. Si le Président de la République a agi ainsi, c'est sans doute afin que de nombreux Nigériens puissent tenter leur chance. Beaucoup ont réussi, d'autres réussiront aussi In' Challah. Abdoulaye Harouna, ONEP Agadez


 
 
 

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